TOURISME LGBT : Etat des lieux du tourisme gay et engagements de la Mairie de Paris... A suivre.
TOURISME LGBT EN REGRESSION A PARIS : ETAT DES LIEUX D’UN GAY PARIS EN DECLIN.
40 ans après le boom du quartier gay du Marais, qu’en reste il aujourd’hui ? Nombreux sont les motifs favorisant la désaffection des établissements gay du Marais, quartier parisien historique où le premier bar gay a ouvert en 1978: Le Village, rue du Plâtre, aujourd’hui rebaptisé le "Like". Tracasseries administratives, prix des emplacements et des loyers, contraintes liées aux autorisations de nuit, taxes diverses et multiples etc… S’il ne faut nier cette réalité, il faut convenir d’une réalité toute autre en se plaçant dans la peau des visiteurs internationaux… Les touristes, qui s’ils n’existaient pas placeraient le Marais en quasi faillite... Les hôteliers le savent très bien, ils tirent une part considérable de leur revenus grâce à la clientèle gay internationale. Certains hotels distribués par le site parismarais.com annoncent plus de 50% de clientèle gay, mais avec une forte baisse depuis 5 ans, indépendamment du phénomène des attentats. Quand ces même clients des plus beaux hôtels du quartier se trouvent confrontés à l’humeur de certains barmen parisiens, après avoir eu un premier aperçu du « french mood » grâce aux chauffeurs de taxis ou voituriers qui les ont conduits de l’aéroport au centre ville, ils éprouvent pour bon nombre d’entre eux l’envie de sortir du milieu gay qui n’ est à leur yeux pas aussi gai ni si accueillant que cela…
CONSTAT AMER POUR LES SENIORS !
Le Paris gay vit sur ses petits acquis et le nombrilisme des gays, y compris des patrons d’établissement leur fait croire qu’ils sont toujours les seuls à booster le Marais et se l’approprient de manière monopolistique… Cette revendication est partiellement vraie, mais le mini boom économique du quartier gay est dû surtout à l ‘afflux des marais-dollars et des euros made in Italie (premiers acheteurs d’immobilier) que par l’euro-rose de sa clientèle franco-française qui n’est qu’une infime partie de la clientèle potentielle possible du quartier tant il regorge de ressources - gay ou non. Certes les gays ont contribué à redoper le Marais… Autrefois… Mais il vivent sur des acquis… Ce ne sont plus les premiers acteurs de l’évolution du quartier dont la sociologie change vite. Environ 30 % des ventes d’appartements sont faites à une communauté internationale très riche : américaine, italienne, britannique, brésilienne, chinoise.
LA GENTRIFICATION, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE LA VIE LGBT ET DU TOURISME GAY.
Les nouveaux développements entrepris par le BHV et autres grands acteurs du luxe font monter Le Marais en gamme, tant mieux pour la revalorisation du patrimoine et pour l 'emploi local, tant mieux aussi pour ceux qui sont déjà propriétaires, car les prix s’envolent... Mais les bars de quartier, petits commerces de proximité, les jeunes créateurs et commerces authentiques ne peuvent suivre et désertent le quartier qui désormais s’endort la nuit. Personne n’y trouve son compte, déception des habitants qui voient leur quartier si original se standardiser et désappointement des gros investisseurs qui réalisent que la clientèle qu’ils désirent : riches chinois, russes et clientèle du Golfe ne sont pas au rendez-vous : en effet homophobes et antisémites pour la plupart, ces derniers ne sont pas intéressés par le Marais et ne le seront jamais : pas assez bling-bling pour eux. Et bien entendus les communautés juives et gay boycotent ces marques dont les propriétaires sont des investisseurs saoudiens qui les lapident dans leur pays. On se demande si ces marques n' ont pas pris des stagiaires pour leur stratégies marketing d' implantation ! Une stratégie perdant-perdant qui ne profite pour l’ instant à personne. Le BHV en a vite pris conscience et rejoue depuis peu la carte gay-friendly en ayant compris que c'etait une cible incontournable, et mieux vaut tard que jamais. Quant à LVMH, ils ont perdu beaucoup d'argent avec le top flop de leur boutique John Galiano fermée en octobre 2019 à 100 metres de la rue des Rosiers, FENDI, GIVENCHY ont aussi plié bagage. Stratégie d'implantation absolument ratée... On se demande si leurs services de com connaissent la sociologie du Marais et sa capacité à soutenir ou faire plonger les marques !
Trop de luxe tue la vie d’un quartier. Ce phénomène mondial touche toutes les capitales, mais le Marais résiste quand même et cultive sa diversité. N’oublions pas que le Marais n’ est pas et ne sera jamais un quartier comme les autres. N’oublions pas les drames de la déportation massive de la communauté juive, n’ oublions pas non plus les milliers de morts du sida dans ce quartier pendant les années 80.
Les grandes marques qui s’installent rue des Archives et rue des Francs Bourgeois avec des stratégies « copié-collé » méconnaissent cet historique et sont rejetées par une bonne partie de la population locale actuelle. Les établissements gay résistent : Fréderic Hervé patron du Cox a racheté ses mur à prix d’or et a fêté récemment les 20 ans de son bar avec un happening baptisé « Rouge toujours » ( les murs de ce bar sont rouges et pas prêts à changer de propriétaire ) A coté, Bernard Bousset, créateur de L’Open Café, premier bar gay a s’ être ouvert au public avec des vitrines sur l’ extérieur, a dit-on refusé des offres d’achat six fois supérieures à la valeur de son établissement. Le plan de conquête du Marais par les enseignes mondialisées semble ralenti par cette résistance innatendue.
«Résistance» est justement le nom d’un bar, rue Sainte croix de Bretonnerie, qui a faillit une fois de plus se transformer en boutique de vêtements. Son Propriétaire l’a baptisé ainsi pour afficher son hostilité aux grandes enseignes de luxe qui s’installent et contribuent à une gentrification menée au pas de charge du Marais. Dernière victime en mars 2020, la librairie LGBT les mots à la Bouche, déportée côté 11ème pour devenir une boutique Doc Martens...
LES GAYS NE SONT PLUS LE MOTEUR DE CROISSANCE DE LEUR PROPRE QUARTIER...
Ce sont désormais les investisseurs internationaux qui dopent l’économie du quartier et les établissements gay devraient ouvrir les yeux plus grand et les considérer. A force de reproduire les schémas d’exclusion vécus voici 30 ans par les pionniers du marais gay à l’encontre des hétéros, des touristes et de tout ce qui n’est pas labellisé par un drapeau arc en ciel, le « label gay » risque de perdre de son côté sympathique.
Alors qu’une visibilité gaie était une nécessité il y a 20 ou 30 ans il est aujourd’hui nécessaire de sortir d’un cercle fermé communautaire. Il y a une véritable ignorance marketing des établissements gay eux-même qui traitent leur communication et investissements publicitaires avec beaucoup trop de légèreté, le réflexe communautaire est très peu présent et le sentiment qui domine, vu de l‘extérieur, est un joyeux panier de crabes où chacun tente de préserver sa part de marché d’un gâteau qui s’ émiette chaque jour un peu plus. Les médias 100% gay sont en survie. Internet, les applications les ont réduit à peau de chagrin.
L’ ILLUSION D’ UNE COMMUNAUTE SANS VERITABLE UNITE.
Enfin il faut convenir avec lucidité des limites du marché LGBT. Les boites de nuits hétéros l’ont compris en créant des nuits gays, les établissements gays eux essaient les soirées à thèmes sans pour autant s’ouvrir à d’autres clientèles. Pourquoi pas des soirées senior, des soirées trans-générationnelles, des soirées où d’autres attitudes pourraient voir le jour avec d’autres convivialités ( La Nuit des Follivores est un modèle de succès en ce domaine ) Et pour cibler ces nouvelles clientèles utiliser d’autres médias que les supports 100% gay pour communiquer autrement et aller au delà de la petite minorité d’homos qui sort dans les quelques dizaines de lieux gays du Marais.
Côté grandes marques, les annonceurs savent très bien que les consommateurs réagissent plus par socio-styles que par famille sexuelle : le profil du consommateur gay labellisé DINK ( double income no kinds ) est un cliché des années 90 qu’il faut oublier. Le marché du luxe ne s’y trompe pas : la tolérance est intégrée aux valeurs des grandes marques. Les gays sont bienvenus aux bars des palaces avec leurs amies hétéros ou leur grand-mère. Tant mieux. Beaucoup de gays senior vont boire des drinks dans les bars chics des grands hôtels. Etre gay ou pas n’est plus déterminant aujourd’hui, pour les pros du marketing du luxe en tous cas. Les années de gloire 1980 à 2000 sont révolues. Si le Marais gay veut remonter la pente, peut être devrait-il être plus attentif à son sens de l’accueil, retrouver un sens de la fête un peu perdu et être plus réceptif à l’ innovation, en particulier vis à vis des acteurs touristiques qui sont la première source potentielle de développement de clientèle. Enfin considérer la nouvelle sociologie du quartier, de plus en plus international… Très peu de médias anglophones gay-friendly, à part parismarais.com (70 % de son audience est étrangère) et les classiques guides internationaux tels Spartacus. Un nouveau mensuel tout public en anglais cible les 250 000 anglophones vivant à Paris et RP : EXPATRIATES, plus de 70 000 personnes suivent ses réseaux sociaux.
Le potentiel est là et l’héritage merveilleux de ce quartier sera sans doute multiculturel et international, avec ou sans les gays qui pour survivre devraient s’inspirer des succès des autres capitales gay européennes que sont Londres, Berlin, Barcelone, Vienne et communiquer mieux dans toutes les langues pour que Paris ne sombre pas dans les villes Has been aux yeux des LGBT. Ultime problème, les prix : Une bière 50 cl à Berlin : 2 euros, une Bière 25 cl à Paris 5, 8, ou 7 euros… Beaucoup de visiteurs le savent. Hotel 4 étoiles à Paris : au moins 200 euros / nuit contre moins de 100 € à Berlin, Madrid, Lisbonne, Barcelone… Paris est mythique, mais acceptable jusqu’ à quel prix, avec une offre gay en régression avec un prix du mètre carré souvent supérieur à 12 000 euros !
ENGAGEMENTS DES INSTITUTIONS : ASSUMER OU PAS UN VERITABLE SOUTIEN ?
Remarque souvent entendue venant des associations LGBT pendant les mandats de Bertrand Delanoé : « Nous avons un maire ouvertement gay et qui ne fait rien ou presque pour les LGBT » Comparons avec la Ville de Vienne, capitale d’un pays que l’on dit ultra conservateur et très majoritairement catholique : l’Autriche. Vienne fut la première en Europe à attirer la cible touristique LGBT internationale dès 1990. Pendant la gay pride week de Vienne, tous les bus, metros et tramways arborent des drapeaux arc-en-ciel. La pride de Vienne s’affiche fièrement sur le site de l’office du Tourisme de Vienne. https://www.wien.info/fr/vienna-for/gay-lesbian/rainbow-parade.
L’ EXEMPLE AUTRICHIEN : UN MODELE EN EUROPE !
Depuis plus de 25 ans, l’hotel de ville plus sompteux encore que celui de Paris dans un style néogothique passe ses clés à l’association qui produit le LIFE BALL, plus grand gala de charité au monde au profit de la recherche sur le sida : il génère des millions d’euros de recettes et 40 000 participants ! www.wien.info/fr/lifestyle-scene/life-ball . Il y a eu un premier équivalent à Paris en fevrier 2019qui fut un succès, mais ce fut un "one shot" baptisé le bal PARAMOUR : https://www.parismarais.com/newsletter/2019_03_13/Paramour-le-Bal.html
Enfin, côté sécurité des personnes : l’Autriche est le 3e pays le plus sûr du monde avec un sens civique exceptionnel. Le tourisme autrichien, c ‘est 36 millions de visiteurs pour un pays de 9 millions d’ habitants, soit 4 fois plus que de résidents. Arrêtons de nous gargariser avec nos 90 millions de touristes pour 67 millions d’habitants ! Pour parodier l’Eurovision qui fit en 2014 gagner le grand prix à Conchita Wurst, un garçon doué d’une voix exceptionnelle: AUSTRIA 12 POINTS – FRANCE 1 POINT.