Tourisme : les artisans voituriers indépendants demandent le droit de circuler dans le centre historique, là où sont leurs clients.
La colère gronde chez les VTC, et surtout quand on les assimile tous aux chauffeurs d’UBER, la multinationale américaine. La flotte de taxis parisiens, toutes compagnies confondues comporte 18 000 voitures en nombre limité. Les VTC dans leur globalité sont 38 000 voitures et leur nombre n’est pas plafonné. Parmi ceux-ci, environ un millier de voitures de grande remise, ces voitures de prestige rares, limousines, cabriolets, voitures de collection, mais aussi petites compagnies de 2CV qui font des visites historiques dans le vieux Paris, et les Tuk-Tuk électriques et autres véhicules de ballade dont les touristes raffolent.
Tous sont également classés dans la catégorie VTC souvent montrée du doigt par la Ville de Paris. Des chauffeurs de voitures de grande remise se sont fédérés sous la bannière #touchepasamonVTC pour demander que leur statut et droit à circuler soit reconsidéré. La ville de Paris veut créer dans tout le centre 1er 2eme 3eme 4eme et partie des 5eme et 6eme arrondissements une zone à trafic limité ouverte aux seuls résidents, et le choix de qui pourra y rentrer se décide dans les prochains mois.
Nous avons rencontré l’un d’entre eux : Harys qui est aussi formateur en conduite de VTC. Il nous explique : « nous sommes inscrits à la chambre des métiers et de l’artisanat ; nous transportons une clientèle étrangère et de personnalités : hommes d’affaires, politiciens, personnalités de la culture et du show business, clients des grands hôtels parisiens. Une clientèle aisée qui dépense des milliers d'euros chaque jour pendant leur séjour à Paris. Ils nous font vivre, nous les artisans du transport en ville »
En effet les VTC et assimilés font partie de la catégorie professionnelle T3P : Transport Public Particulier de Personnes. Cela regroupe les VTC, taxi et VMDTR (taxi moto = véhicule motorisé deux ou trois roues). Les taxis et VTC ont le même code APE pour leur activité de « transports de voyageurs par taxis ». Ils ont avec les taxis un tronc de formation commun et passent un examen auprès des chambres de métiers et d’artisanat. Des contraintes communes dans bien des domaines qui rendent particulièrement injuste leur exclusion des rues dans le centre historique de Paris.
Grande amertume chez les artisans : "Nous les chauffeurs de grande remise, nous sommes les premiers ambassadeurs de la capitale auprès des touristes et ce depuis le XVIIe siècle. Les taxis sont les héritiers des fiacres, les voitures de petite remise, et nous, les voitures de grande remise, sommes les héritiers des carosses. C'est de là que vient notre appelation."
L’amalgame fait avec les grandes compagnies comme UBER qui ne limite pas sa flotte est de mise pour qui ne connaît pas la diversité de ces métiers. « Ce qui fait la différence, c’est la qualité de nos prestations : Uber se situe en dessous ou en équivalent des taxis, alors que les voituriers de grande remise proposent de vraies voitures de prestige, et des prestations différentes, uniquement sur réservation.»
Les voitures de grande remise sont peu nombreuses et leur présence dans Paris Centre a du sens : c’est le lieu où se trouve leur clientèle, ils revendiquent le droit de pouvoir prendre en charge, déposer et transiter dans la ZTL ( zone à trafic limité ) et d’avoir à nouveau accès à la Rue de Rivoli comme les taxis pour leur clientèle qui se trouve essentiellement dans Paris Centre.
Ils demandent à être classés comme les artisans locaux ce qui ne serait que justice : « Nous sommes des artisans. Les artisans de tous métiers sont autorisés d’accéder à la ZTL pourquoi les artisans chauffeurs de grande remise ne le seraient pas ? »
« Nous roulons de plus en plus propre, un grand nombre d’entre nous sont déjà passé à l’hybride. Les véhicules thermiques sont pour beaucoup, récents et polluent moins, et seront de toutes façons remplacés par des véhicules hybrides électrique ou essence d’ici 2024. »
Les artisans voituriers réclament aussi que la ville de Paris et la région imposent un numerus clausus sur le nombre des VTC
« S’il y a trop de véhicules sur le marché, ce n’est pas aux chauffeurs VTC de payer les pots cassés. Il faut se tourner vers les plateformes Uber et les autres qui recrutent non-stop sans se soucier du nombre de véhicules sur les routes. Leur objectif est d’en avoir un maximum pour entretenir une concurrence sans fin entre les chauffeurs qui aboutit à des revenus de misère pour tout le monde»
Les chauffeurs indépendants pointent le paradoxe du droit à rouler pour un résident propriétaire d’une voiture, mais pas pour un artisan-voiturier. « Nous participons à l’économie locale, parfois, nous sommes résidents de Paris-Centre et pouvons donc rouler dans le centre avec notre voiture personnelle et la carte Paris Centre, pourquoi ne pourrions-nous pas rouler pour faire notre métier ? … On ne demande qu’à travailler dans Paris et jusqu’en province. Nous transportons nos clients pour qu’ils dépensent dans nos restaurants, boutiques, attractions, galeries et musées. Enfin la nuit, et les jours de fête, quand il s’agit d’aller très loin, on est présents et on pratique un tarif à l’heure tout à fait raisonnable quand les autres sont tous couchés.»
Pour contacter le mouvement des chauffeurs de grande remise indépendants sur tweeter : @touchepasamonVTC
Email : touchepasmonvtc@gmail.com
Propos recueillis par Pascal Fonquernie. © Photos parismarais.com remerciements à Hôtel Ritz, Hôtel Meurice.