Rencontre avec Bruno Blum, candidat du parti animaliste.
BRUNO BLUM est un candidat atypique : un créatif multi-talents ayant énormément voyagé. Il semble avoir vécu plusieurs vies passionnantes : Rencontre avec un personnage hors des normes : "Écrivain, dessinateur, musicien, je suis d'abord un artiste; Je suis illustrateur, dessinateur de presse et de BD, j'ai publié dans Actuel, Best, Hara-Kiri, L'Environnement, Panda Magazine etc. Mais je suis surtout connu pour mes nombreux livres sur l'histoire de la musique : ancien journaliste spécialisé dans le rock et le reggae, je suis devenu musicologue / historien de la musique. Je travaille pour Frémeaux et Associés et souvent pour les musées nationaux. Je réalise pour eux des anthologies de musique très documentées, avec un angle sociétal, parfois ethnologique, qui expliquent et guident l'auditeur pour comprendre des courants artistiques comme la Beat Generation ou des faits historiques comme l'esclavage. J'ai publié une quinzaine de livres, et je suis également musicien : j'ai publié sept albums de mes compositions dont plusieurs succès et j'ai produit plusieurs albums, notamment en Afrique et en Jamaïque où j'ai par exemple réalisé sept albums de remixages de la période reggae de Serge Gainsbourg. Mon dernier livre "De Viandard à végane", a été un succès. Il est autobiographique et raconte comment, peu à peu, j'ai complètement cessé de consommer tout produit animal. Je suis souvent sollicité par les médias car j'aime bien m'exprimer. Je suis également interprète, traducteur, j'ai donné des conférences dans le monde entier, j'ai réalisé plusieurs documentaires et clips et je consacre une grande partie de mon temps à faire prendre conscience aux gens de l'urgence d'amener la question animale dans le débat public.
Vos envies pour votre circonscription en particulier pour sa partie la plus touristique.
— Mes envies personnelles ? C'est en premier lieu que le sublime Paris, capitale mondiale de la gastronomie, prenne enfin conscience de son retard colossal en matière de cuisine végane ! Même si nous en avons beaucoup, le Parti Animaliste n'est pas un parti de végétariens. Chacun son chemin au fil des prises de conscience. Mais tandis que dans leur pays cette cuisine raffinée prend une place de plus en plus grande, des millions d'Allemands, d’Israéliens, d'Anglais, d'Américains visitant notre capitale et ses quartiers historiques sont consternés devant le manque d'offre en la matière. La France importe des simili-carnés allemands ! Même le camembert (100% végétal bien sûr) est importé d'Allemagne ! Les restaurants répondant à cette demande de qualité se multiplient, sont toujours pleins, et semblent ne jamais suffire à répondre à la demande — y compris à la demande des parisiens eux-mêmes. Dans le Marais on peut citer quelques bonnes adresses : Le Potager du Marais, Loving Hut, Hank's Pizzas et Hank's Burgers, sans oublier les falafels de la rue des Rosiers. 100% végétal. Et bien sûr l'étonnant magasin Un Monde Vegan rue Notre-Dame de Nazareth, qui est toujours plein.
Avez vous été déjà député, ou élu, quelles sont les actions dont vous êtes le plus fier ?
— Le Parti Animaliste est un nouveau parti. Ce sont nos premières élections et j'ai été séduit par le programme qu'ils proposent, c'est vraiment le minimum, c'est comme une entrée en matière pour rattraper nos retards les plus criants. J'ai décidé de les rejoindre Parce que nous sommes une équipe sérieuse, réaliste autant qu'éthique. Nous formons maintenant un groupe de pression qui, comme dans plusieurs pays (8 députés animalistes aux Pays-Bas), fait vraiment entrer la question animale dans le débat public et incite les élus à adopter nos propositions de bon sens. Je vous invite à les découvrir : pour la première fois, un parti regarde le monde du point de vue des animaux, et non de l'intérêt de ceux qui les exploitent. Nous proposons par exemple qu'il soit interdit aux cirques de montrer des animaux. D'interdire les corridas, les combats de coq, la chasse de loisir, à ne pas confondre avec la chasse de régulation, c'est-à-dire tuer pour le plaisir de tuer. Aujourd'hui la chasse c'est principalement des animaux d'élevage, comme des faisans, lâchés le matin avant l'ouverture de la chasse. Les oiseaux viennent vers les chasseurs en croyant qu'ils vont leur donner du grain et se font en fait tirer dessus. Ils se font aussi écraser sur les routes parce qu'ils ne connaissent pas la nature. On pense aussi aux animaux marins, dont le massacre est colossal et pour qui la cruauté de l'homme confine à l'horreur absolue dans des océans à l'agonie. Nous proposons de réduire l'expérimentation animale qui est souvent pratiquée pour respecter des normes absurdes et qui se justifient rarement, et de créer un droit de l'animal. Pour les animaux de compagnie nous demandons des campagnes publiques d'information sur les bons traitements, des assurances maladies obligatoires, des mesures drastiques pour stopper le trafic d'animaux sauvages…
Et que les animaux de compagnie soient autorisés dans les maisons de retraite.
Questions relatives au tourisme
— Comme je l'ai dit, développer l'offre en cuisine végane est évidemment une urgence pour le tourisme. Et on y prend vite goût. L'hôtellerie acceptant les animaux de compagnie en est une autre. Sur ce plan, nous souhaitons aussi que seuls les refuges d'animaux soient autorisés à vendre des animaux de compagnie, comme c'est le cas en Californie.
Sinon pour bien répondre à votre question, les attentats nuisent fortement au tourisme. Pour parler du fond, il faudrait aussi rappeler que même si l'aspect politique et idéologique des guerres joue un grand rôle au Moyen-Orient, selon le New York Times (du 2 mars 2015) ce sont avant tout les famines dues à la sécheresse qui sont à la racine des migrations vers l'Europe et des guerres incessantes à l'est et au sud de la Méditerranée. Le soulèvement à l'origine de la guerre civile en Syrie s'est par exemple produit après une famine due au manque d'eau, au manque de pluie — au dérèglement climatique. Or le réchauffement général est en bonne partie dû à la déforestation qui permet de produire toujours plus de protéines (soja) pour nourrir le trou sans fin de l'élevage. De surcroît, l'élevage n'est pas rentable et exige d'énormes subventions. C'est non seulement très cruel et ce à grande échelle, mais c'est aussi un désastre écologique et, on le voit, une catastrophe pour l'humanité. Les attentats dans toute l'Europe, qui nuisent fortement au tourisme, sont donc une conséquence aussi directe qu'inattendue de l'industrie de l'élevage. Nous proposons une réduction de 25% de la consommation de protéines animales en huit ans. Nous portons cette proposition essentielle devant les élus. Cela nécessite une refonte de la politique agricole, ce qui n'est pas une mince affaire. Les paysans sont les premières victimes de l'absurdité actuelle. Nous souhaitons les guider vers une reconversion, vers la production de protéines végétales, donc sans violence, ce qui présente aussi l'avantage de rapporter bien plus. Nombre d'éleveurs américains l'ont compris.
Que pensez-vous d’une piétonisation totale du Marais et d’un accès voiture réservé aux seuls résidents ?
— Le Parti animaliste est monothématique. Nous commentons les questions sociétales du point de vue des animaux et seulement du point de vue des animaux. La piétonisation des rues n'est pas notre préoccupation. Néanmoins comme je le rappelle ci-dessus, l'écologie n'est pas concevable sans prendre en compte le point de vue des animaux. Nous sommes donc a priori favorables à toute mesure écologique de bon sens qui pourrait rendre Paris plus agréable à vivre et un Marais piétonnier va sans doute dans ce sens. Mais notre objectif est clairement de donner une voix aux animaux dans la société. Trois millions d'animaux sont tués chaque jour en France dans des conditions inimaginables, faire semblant de l'ignorer, ça suffit. On ne peut plus penser qu'à nos petits intérêts et conforts d'humains. Il faut élargir notre conscience. Vous pouvez compter sur nous pour ne pas nous disperser dans d'autres priorités.
- La façon dont l'homme exploite l'homme ressemble beaucoup à la façon dont on exploite les femmes, les étrangers ou, selon le même principe, les animaux car ils sont eux aussi en position de faiblesse. La grande cause de justice sociale du vingt-et-unième siècle c'est la question animale. Elle conditionne nos rapports avec l'environnement, certes, mais aussi avec le droit, avec l'éthique, avec la morale. Le principe de l'insémination artificielle de millions d'animaux auxquels on prend leur petit dès la naissance pour le manger et pour pouvoir exploiter leur lait est indéfendable. Nous voulons institutionnaliser la Protection des Animaux. Nous voulons un ministre des animaux, l'enseignement du droit animal dans les écoles, dans les formations professionnelles, et pas seulement des paysans. Les animaux sont exploités de façon bien pire que l'homme : se réconcilier avec les animaux c'est nous réconcilier avec nous-mêmes, car nous ne sommes que des animaux qui ont pris la grosse tête !
Pour finir et conclure quelles sont vos 3 idées principales ou actions que vous souhaiteriez mener pour cette circonscription ?
— Nous souhaitons institutionnaliser la protection animale et en faire une valeur fondamentale de notre état de droit. Il y a longtemps que ça devrait être fait. Nous proposons des mesures pour protéger les chevaux, les chats, les chiens, les grands singes, tous les animaux. Nous voulons que tout le territoire sorte du Moyen-Âge, et pas seulement le Marais ! Parmi nos propositions les plus essentielles :
Un ministre de la Protection Animale. Il ne faut plus que les animaux dépendent du ministère de l'agriculture !
Ensuite, la réduction de la consommation de protéines animales de 25% en huit ans. Nous voulons des repas à base de plantes disponibles dans les cantines, les écoles, les entreprises. Ça existe déjà dans plusieurs circonscriptions, notamment à Paris 2e où les cantines végétales ont beaucoup de succès. Nous voulons aider les éleveurs à entrer dans le vingt et unième siècle. Et naturellement nous voulons instaurer un moratoire sur les élevages en cage, où vivent des millions d'animaux, en vue d'une interdiction totale dans dix ans.
Les politiciens ont toujours d'autres priorités. Mais il y a des années que les personnes âgées devraient pouvoir amener leurs animaux de compagnie dans les Centres d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, et les Centres de Réinsertion Sociale. Plus notre électorat est important et plus nous pouvons obtenir de résultats.
Avez-vous d’autres choses plus personnelles à dire sur vous, vos passions, vos coups de cœur ?
Ma passion pour la justice et l'éthique ne se limite pas aux animaux, je n'ai pas un cœur pour eux et un cœur pour les hommes, je n'ai qu'un cœur.
Mais leur situation est tellement ignoble que je me consacre de plus en plus à leur protection. Le Parti animaliste regroupe des gens de différentes opinions politiques du FN à l'extrême-gauche, d'anciens Socialistes et d'anciens Sarkozystes, des gens de différentes origines, de différents horizons sociaux, des végétariens, flexitariens et des omnivores. Nous apprenons tous à évoluer vers de meilleurs comportements. Nous restons tous concentrés sur la question animale et rien qu'elle. Mon travail d'historien et mon cursus universitaire m'ont appris à travailler avec rigueur quand c'est nécessaire mais en ce qui me concerne, je reste un artiste avant tout. Je continue à enregistrer des chansons avec Cabaret Végane, un spectacle sur les animaux, j'ai aussi publié un livre sur ce thème et sans doute bientôt un recueil de dessins d'humour. Les animaux font partie de ma vie tout autant que quand j'avais des animaux de compagnie — je n'en veux plus aujourd'hui mais j'en ai eu beaucoup et je les connais et apprécie. J'ai des activités très différentes mais je reste disponible pour informer et transmettre un message positif pour faire avancer la société et à travers elle, l'humanité dont j'aimerais qu'elle soit, justement, plus humaine.
Bruno Blum.