REINE DE PARIS S'EXPOSE.
Sur le pas de sa porte, son paillasson annonce la couleur : Appartement royal. Sur les placards de sa cuisine, des fleurs de lys filent la métaphore. Sur le tapis du salon, des fleurs de lys, encore. Assise devant une tasse de thé, de rose vêtue et maquillée, elle continue de se raconter : l’ouverture du Palace, alors qu’elle n’a que quatorze ans, les premières soirées, la musique punk à fond dans les rues du seizième, les tenues « extravagantes » signées par de jeunes créateurs…
L’heure est à l’exubérance : François Mitterrand est passé au pouvoir, les radios libres fleurissent, un vent de fraîcheur souffle sur la France. La jeune femme suit son inspiration, adopte des looks bicolores, dresse ses cheveux sur sa tête, y plante tout un tas de baguettes. Elle participe à des défilés, figure dans le mythique clip Marcia Baila des Rita Mitsouko, se frotte au monde du show-biz, donne naissance à des jumelles. Avec son compagnon d’alors, le sculpteur Philippe Berson, elle fonde au début des années 90 une galerie d’art associative nommée la Vache Multicolore. Le python royal qui se balade dans leur appartement de Barbès donne des sueurs froides aux visiteurs – des serpents, aujourd’hui, elle en a encore six, qu’elle aime à observer et toucher.
« Des gens comme moi, il n’y en a presque plus, estime-t-elle. On trouve des drag queens en soirée », mais elle, c’est au grand jour, sur les trottoirs de son quartier et les allées de son supermarché, qu’elle assume son style. Sa normalité à elle. « Je ne pourrai jamais sortir autrement ! assume-t-elle. C’est comme ça, ça me plaît. » Les regards curieux ou goguenards, elle s’en fiche, dit-elle. « Quand on me fait une remarque désobligeante, je réplique : Avant de critiquer, regardez-vous dans une glace. Après, on en reparle ! »
Bien sûr, tout le monde n’est pas critique : parfois, on la prend en photo, on lui demande pourquoi elle s’habille comme ça, si c’est religieux ou combien de temps ça lui prend… « J’attire des gens différents, convient-elle. Des bipolaires, des personnes malades ou faisant partie d’une minorité. Je suis sensible à la souffrance des autres..." Longue vie à La REINE DE PARIS ! Exposition à la galerie 59 rue de Rivoli 75001 Paris. https://dailleursetdici.news/il-etait-une-fois-reine-de-paris