Les Templiers
Le secret des Templiers
Laissez de côté Reine-le-Chateau et autres fantasmes. Les mystères qui entourent l'ordre des Templiers ne sont que des légendes infondées de même que les allégations concernant leurs fabuleux trésors. Allez plutôt à la découverte de l'histoire vraie des Templiers à travers les méandres du Marais, qui fut le lieu privilégié de leur incroyable épopée.
Des marais s'étendaient à partir du nord-est dans la prolongation d'anciens confluents de la Seine, se répandant des collines de Belleville, à l'est de Paris.
Plus d'un siècle fut nécessaire aux Templiers pour transformer cette zone en un véritable jardin potager (marais) pour la Capitale, avec l'aide des moines de Saint Martin des Champs qui surent assécher les marécages sur la frange occidentale du futur arrondissement. Ayant racheté le terrain, ils déménagèrent dans la partie nord-est de ce quartier et y construirent un enclos fortifié, l'enclos du Temple, qui fut le siège européen de leur ordre. Laissez tomber Reine-le-Chateau et d'autres sornettes, il n' y eut jamais de mystère concernant l'Ordre.
Ce fut plutôt leur maitrise de la technique agricole qui leur permit de valoriser et de racheter les terrains marécageux de ce qui deviendrait le Marais. Ce fut leur sens du commerce aigu qui leur permit de transformer leur dispersion géographique en un avantage, developpant ainsi un système de dépôt bancaire international, contribuant ainsi à l'accroissement de leur richesse. Cette maitrise accompagnée de leur indépendance, fut étroitement conservée à l'abri des hauts murs de l'Enclos du Temple, correspondant aujourd’hui à l'espace délimité par la rue du Temple, la rue de Bretagne, la rue de Picardie et la rue Béranger, au sud de l'actuelle place de la République. Cet enclos était complété par une tour de guet et un pont levis constituant la seule voie d'accès au Temple (Aujourd’hui rue des Fontaines-du-temple et rue du Temple).
Les rois de France se satisfaisaient de la situation jusqu'à la fin du 13ème siècle. Philippe Auguste leur confia même une partie de ses trésors en 1190, avant de s'engager dans la 3ème croisade, et Saint Louis ne fut pas véxé de la décision prise par Henri III, Roi d'Angleterre, de séjourner en 1254 au Temple plutôt que dans son Palais situé Ile de la Cité (actuellement le site du Palais de Justice). Mais Philippe le Bel, un roi ambitieux qui s'était opposé à l'Eglise de Rome, ne pouvait tolérer plus longtemps ce riche Etat dans l'Etat, d'autant plus qu'il était lui-même dans une situation financière délicate. Durant les émeutes de 1306, il accepta l'offre faite par les Templiers de l'abriter.
C'est à ce moment qu'il prit conscience de l'ampleur de la formidable richesse de cet Ordre. Dévoré par l'envie, il échafauda un plan afin de le faire tomber en lançant des rumeurs contre ce dernier. A la suite d'un procès inique, de fausses accusations, d'humiliations, de tortures et la mise au buché de 54 templiers sur l'Ile aux juifs (aujourdhui l'angle sud de la Place Dauphine), la branche Française de l'Ordre fut démantelée en 1313. Le 12 mars 1314, Jacques de Molay, Grand maitre du Temple, fut mis au bucher sur l'Ile aux Juifs, où il prononça des prophéties sur le Roi et le Pape et évoqua une rencontre prochaine avec Dieu.
Cette accusation fut l’un des moments forts de l’œuvre littéraire romancée de Maurice Druon : les Rois Maudits. Philippe le Bel et le Pape Clément V périrent cette même année. Les naïfs et les romantiques peuvent être déçus mais les mystifications du trésor perdu des Templiers ne reposent sur aucune justification historique.
Concernant leurs biens, ils ont été saisis par la Couronne, et pour ajouter l'insulte à l'injure, ils furent remis à l'ordre des Hospitaliers, ordre rival de celui des Templiers qui fut fondé en Terre Sainte (1050), pour accueillir les pèlerins à Jérusalem. L'ordre des Hospitaliers resta dans l'Enclos du temple jusqu'à la Révolution française, puis fut dissout par Napoléon en début du 19ème siècle.
Au début du 17ème siècle, le Marais fut le quartier aristocratique de Paris. Le Palais du Grand Prieur du Temple (construit à l'époque à l'angle des rues du Temple et de Bretagne) abritait la cour des fils illégitimes de la royauté qui, comme Philippe, le duc de Vendôme, petit-fils d'Henri IV et sa maîtresse Gabrielle d' Estrée, menèrent une vie de débauche, mais aussi d'éclat littéraire et artistique. Le Grand Prieur, par exemple, a accordé à La Fontaine une pension annuelle de 600 francs. Après le déménagement de la Cour à Versailles, le Palais du Grand Prieur du Temple devint une alternative où la cour "rassemblant ceux qui n'avaient rien à espérer du Roi", nous disait par Horace Walpole. Louis XVI appelait le Grand Prieur avec mépris "mon cousin l'avocat". Walpole, d'autre part, le décrit comme son "beau, de Port Royal et aimable" mais aussi comme «arrogant, dissolu et prodigue».
Il est dit qu'il aurait conservé 4000 anneaux dans un de ses tiroirs, symbolisant un jeton d'adieu pour chacune de ses maîtresses répudiées. Sa favorite, la comtesse de Boufflers, "l'Idole du Temple", a régné en maître sur ce tribunal scintillant; Mozart, alors âgé de 10 ans y fut présenté lors de son deuxième séjour à Paris, tel qu'en témoigne le célèbre tableau du peintre Ollivier témoin de la scène , figurant le jeune prodigue jouant du clavecin.
Le 13 août 1792, un somptueux dîner fut servi dans ce même salon. Les invités en étaient la famille royale et sa suite. En réalité elle était prisonnière de la Commune de Paris. On appela le Roi Monsieur, tout le monde fut traité avec courtoisie lors de cette célébration fictive, mais dès le dîner achevé, la famille royale fut emprisonnée dans la Tour du Temple, tandis que les autres femmes de la cour furent transférées à la prison de La Force (aujourd'hui démolie, dans le 4ème arrondissement).
Ce fut le début de l'extinction tragique de la famille royale. Le roi fut gardé au Temple jusqu'à son exécution le 21 Janvier 1793. C'est de là que partit la charrette le conduisant à la guillotine installée sur la Place de la Révolution (aujourd'hui place de la Concorde), après avoir traversée les Grands Boulevards. La Reine a été transférée à la Conciergerie l'été suivant, la Princesse Royale, alors agée de 14 ans a été remise aux autorités autrichiennes en échange de cinq prisonniers républicains, et le dauphin de sept ans a été arraché à sa famille et plongé dans une cellule sombre jusqu'à sa mort présumée, le 8 Juin 1795.
Il fut procédé à son inhumation au cimetière de Sainte-Marguerite (dans le 11ème arrondissement), malgré des rumeurs persistantes aux termes desquelles il apparaitrait que quelqu'un d'autre ait été enterré là à sa place. En effet, lorsque, en 1894, des restes ont été exhumés pour examen, ils se sont avérés appartenir à une personne agée de 18 ans. Une croix surmonte encore la modeste tombe, la seule à avoir survécue dans ce qui était autrefois le cimetière. Elle porte l'inscription L. .. XVII 1785-1795, un mémorial étrange pour le dernier roi de l'Ancien Régime, inconnu de la plupart des Parisiens, ainsi que de la plupart des pays voisins.
Napoléon fit raser la Tour du Temple, les royalistes en ayant fait leur sanctuaire. L'église d'origine romane et son cimetière connurent le même sort. Seul le palais du Grand Prieur était encore en état lorsque la princesse royale de retour d'exil se rendit sur le site pendant la Restauration, pour y prier et y planter un saule pleureur. C’est à cette endroit que se trouve aujour’hui l’Hôtel du vieux Saule. Les lieux furent utilisés par le Ministère des cultes sous Napoléon, puis comme couvent pendant la Restauration, et enfin comme caserne militaire durant la seconde République, il fut démoli par Napoléon III en 1853, le projet du baron Haussmann pour un nouveau Paris étant en cours ...
Le square du Temple
D'abord la comédie commença qui fut trouvée fort plaisante ; après ce petit divertissement, vingt-quatre violons ayant joué des ritournelles jouèrent des branles, des courantes et des petites danses". Au détour des allées bordées d'arbres historiques, La Fontaine et le chevalier de Sully comptaient parmi les plus familiers du lieu. Au XIXe siècle, les aménagements du quartier par Haussmann, détruisent l'ancien palais des Grands Prieurs.
Un jardin à l'anglaise est alors dessiné et aménagé par Alphand en 1867. Un monument commémorant la captivité de Louis XVI est un temps envisagé. On raconte que Madame Royale, de retour d'exil en 1814, aurait tenu à rendre hommage à ses parents en plantant des cyprès et un saule pleureur à l'emplacement de la grosse tour détruite sous le Premier Empire, sous l'aile nord de la mairie. Ce petit parc à l'anglaise a conservé tout son charme : son kiosque dans lequel sont organisés aux beaux jours des concerts populaires, ses pièces d'eau environnées de rocaille et ses bosquets en font un lieu privilégié de flânerie et de quiétude.
Avec l’aimable autorisation d’Olivia Payan et de la Revue Le Troisième, magazine édité par la Mairie du 3ème arrondissement.
LES VESTIGES DES TEMPLIERS ET LE NOUVEAU CARREAU DU TEMPLE
Occupé à l’origine vers 1140 par l’ordre du temple, puis en 1320 par les hospitaliers, le carreau du temple s’étendait sur une large parcelle située au delà de l’enceinte Philippe Auguste. Cette parcelle prenait la forme d’un enclos hors de la ville. Cet enclos, libre de droit, fut donné par le Roi au templiers pour qu’ils puissent édifier leur église (à l’image du Saint Sépulcre de Rome) et y développer leurs activités économiques.
Abandonné et détruit pendant la révolution, le carreau du temple devint un marché pour le négoce du bois. Devenu insalubre, une charpente de plus de 14000 m2 fut édifiée sur les plans de Mérandol en 1865. Changeant plusieurs fois d’affectations, les halles furent en partie détruites en 1905 mais conservèrent une intense activité de négoce dans le domaine du cuir et du linge.
Cette activité déclinant, les halles connurent un lente métamorphose et accueille des activités sportives. La question se posait de savoir ce qu’il convenait de faire de la Halle. Elles furent classées en 1980. Une consultation citoyenne fut organisée en 2004, différents projets de réhabilitation furent proposés afin de conserver un panachage d’activités, à la fois culturelles, économiques et sportives. Il s’agissait de faire revivre ce « mastodonte de métal et de verre ».
Un concours d’architectures fut lancé auquel participèrent plus de 130 agences. Le projet de l’architecte J.F Milou fut retenu. Ce projet ambitieux, choisi à l’unanimité en 2007, sut reprendre les 5 principes énoncés choisi par les habitants lors de la grande concertation locale menée en 2004, à savoir :
- Un lieu unique et convivial permettant le mélange des publics ;
- Un lieu de regroupement des pratiques culturelles, économiques et sportives ;
- Un lieu permettant l’organisation d’événements exceptionnels ;
- Un lieu permettant l’accueil des scolaires (pour le sport), des publics individuels et des associations ;
Enfin, un équipement de quartier dont le rayonnement excèdera l’arrondissement
Le projet retenu de l’architecte J.F Milou permet de conserver un usage polyvalent et modulable à l’ensemble des Halles et propose la création d’une salle de spectacle en rez de chaussée. La mise en valeur de l’ensemble architectural préserve les structures de l’ensemble, optimise l’acoustique et favorise le développement durable.
Les façades des halles sont doublées à l’intérieur afin d’isoler davantage les halles de l’extérieur et minimiser ainsi tout risque de nuisances sonores. Sous la halle est prévu un lieu unitaire assorti d’un déambulatoire desservant une salle de spectacle (de 250 places) et, en sous-sol, et un espace consacré aux activités sportives et récréatives.
Les halles sont ainsi conçues de façon à permettre une flexibilité et une simultanéité des activités tout en préservant une certaine légèreté à l’ensemble. Le sous-sol proposera un salon/espace de plus de 140m2 pouvant recevoir une exposition retraçant l’histoire du site ainsi que des évènements conviviaux. Les élèves disposeront d’un espace dédié leur permettant de pratiquer des activités sportives. En période de vacance scolaire, le lieu retrouvera son unité et pourra être utilisé comme salle de réunion ou comme salle des fêtes par exemple. Au total ce sont plus de 10 000 m2 qui pourront, à terme, accueillir tous les publics dans un lieu chargé d’histoire au cœur du 3ème arrondissement et du haut marais.
Il s’agit de rendre aux habitants leur Carreau, historiquement populaire et fourmillant d’activités. C’est cet objectif qui a poussé la Mairie du 3e et la Ville de Paris à engager ce processus colossal et complexe mais absolument nécessaire.
Ce grand équipement de proximité s’inscrira comme une plateforme inter-agissante avec son environnement et notamment la Mairie d’arrondissement, le Square du Temple et la Maison des Associations. Ce pôle d’activités sera une poche d’air frais dans le tissu très dense du centre de Paris.