Le Marais à la Libération
PARIS LIBÉRÉ, PARIS PHOTOGRAPHIÉ, PARIS EXPOSÉ
Exposition au Musée Carnavalet jusqu' au 8 février 2015.
"L'Hôtel de Ville, bastion de la liberté"
Le parcours de l’exposition est conçu de manière chronologique. Le quotidien des parisiens sous l’occupation est dévoilé, ainsi que le préambule de l’insurrection. A cette période Paris fulmine. Le peuple est actif et uni dans l’élaboration d’une guérilla urbaine. Les arbres tombent, les balles fusent, les sacs s’entassent pour construire des barricades. Le peuple est animé par la volonté de rompre avec l’ordre établi. L’insurrection est amorcée. Les femmes sont relayées au second plan. Elles sont infirmières et dispensent des soins à leur peuple. La mise en scène est volontaire, pittoresque. Des clichés extrêmement rares témoignent d’une violence omniprésente. La milice s’installe à Paris en janvier 1944 à l’angle des rues Châteaudun et Peletier. Crainte en raison de ses assassinats et séances de torture, elle traque les réfractaires et les stigmatisés. De rares photos évoquent la spoliation commise à l’encontre des juifs.
La tonte est également abordée. Nombre de femmes et d’hommes suspectés d’avoir collaboré sont tondus en place publique, et finiront purement et simplement exécutés. L’arrivée de la 2e Division blindée du général Leclerc, suivie de la reddition allemande rédigée à la préfecture de police par le général Von Choltitz insufflent un sentiment de gaité sur les visages du peuple parisien. L’Hôtel de Ville sera le bastion de la liberté où de Gaulle prononcera son discours mémorable. Il circulera, triomphant et porté en héros, dans les rues de Paris, descendant les Champs- Elysées jusqu'à Notre Dame. Le 29 août, les troupes américaines défilent et séduisent la population française, fascinée.
Les focus sur les photographes célèbres et sur leurs conditions d’exercices amènent les visiteurs à méditer sur la fabrication de l’histoire par la production de l’image. Stéphane Thidet, diplômé de l'Ecole nationale supérieure des beaux arts rappelle à juste titre que la photographie « ôte à la mémoire toute possibilité de mutation, de déformation, d'évolution. Elle remplace le souvenir, elle devient souvenir. »
C'est à cela que ressemblait le Marais juste après la Guerre, le bâti était passablement endommagé et certains architectes dont le fameux Le Corbusier envisageaient même de raser le quartier et d'y construire des barres d'immeubles. Une telle hérésie a pu être évitée de justesse.
Par Pierre Gautrand,
Remerciements au Musée Carnavalet, à Catherine Tambrun, commissaire de l'exposition, et André Arden, attaché de presse.