Colette (1873-1954)
Cette talentueuse artiste, écrivain et femme influente a passé les derniers moments de sa vie dans le Marais.
Elle vit une enfance heureuse, adorée par sa mère, une féministe athée au fort caractère —Sido— qui lui apprend l’art de l’observation. Très tôt, Colette lit les grands classiques et apprend l’art du style aux côtés de son père, grand lecteur de journaux. Sido, aux goûts de luxe, ne se voit rien refuser par son mari et la famille finit ruinée. Adolescente, Colette rencontre Henry Gaultier-Villars, grand séducteur surnommé Willy avec qui elle se mariera le 15 mai 1893. Il est un critique musical très influent ainsi qu’un auteur de romans populaires. Il introduit Colette dans les cercles littéraires et musicaux parisiens ou elle fait un fort effet avec son accent rocailleux de Bourgogne. Willy utilise sa femme comme nègre, remarquant rapidement ses talents littéraires.
Il l’engage à écrire ses souvenirs d’école, ainsi paraîtra la série des « Claudine » qui sont publiées sous le seul nom de Willy. Jalouse et frustrée de se voir enfermée dans le carcan de l’épouse bafouée, elle se libère peu à peu de la tutelle de Willy. Son premier livre publié sous son nom paraît en 1905, Dialogues de bêtes. Elle débute également —encouragée par le comédien et mime Georges Wague — sa carrière dans le music-hall (« la première mime de son temps ») dans des pantomimes orientales en tenues légères. Durant ses années de scandales et de libération, elle divorce de Willy en 1906, s’entoure de gens folâtres (prostitués, d’homosexuels, drogués). Elle connaît plusieurs liaisons avec des femmes notamment avec « Missy », fille du duc de Morny. Elle épouse en 1912 après quelques liaisons le politicien et journaliste Henry de Jouvenel. Lorsqu’elle a 40 ans, alors que son mari la trompe, elle joue le rôle d’initiatrice en amour auprès du fils d’Henry, Bertrand de Jouvenel qui a alors 17 ans et avec qui elle entretiendra une relation durant cinq ans qui inspira son roman sublime, Cheri. Directrice littéraire du journal Le Matin en 1919, elle devient une figure phare du théâtre d’entre deux guerres. En mélomane aguerrie, Colette collabore avec Maurice Ravel pour l’Enfant et les Sortilèges. Au début des années 1925 elle rencontre son troisième mari, Maurice Goudeket. Elle fréquentera assidument la Côte d’Azur, puis, ayant besoin de gagner sa vie, ouvrira un salon de beauté à Paris rue de Miromesnil.
Elle entre à l’Académie Goncourt dont elle devient la présidente en 1949. Comprenant rapidement que la célébrité allait avec la maîtrise de l’image, elle devient l’écrivain la plus photographiée du XXe siècle. En 1953, elle reçoit la Légion d’honneur. Cette femme brillante, talentueuse et désinvolte, grande amie de jean Cocteau décèdera le 3 août 1954. Elle repose au cimetière du Père Lachaise aux côtés de sa fille.