Vienne
Ville historique par excellence, située sur les rives du Danube, Vienne fut la capitale de l’Empire des Habsbourg pendant plus de 700 ans, marquant d’une empreinte certaine l’architecture de la ville. Sa richesse architecturale saute immédiatement aux yeux des visiteurs et lui a valu d’être inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNSECO. C’est comme lorsque vous vous plongez au cœur du quartier du Marais, sauvé par les lois Malraux de 1962, qui forme véritablement une sorte de ville d’art au cœur de Paris, enclave du 17ème siècle au sein de la ville Lumière.
C’est sous les Habsbourg que Vienne connut un développement considérable en devenant notamment la capitale du Saint Empire Romain Germanique. Elle connaitra également des moments plus sombres avec les 2 sièges turcs en 1529 et en 1683. C’est notamment grâce à l’intervention de Charles V de Lorraine et des troupes polonaises que le vizir Kara Mustapha fut renversé.
Cette présence impériale permit à la ville de se parer de somptueux monuments qui, au cours des siècles, ont évolué dans leurs styles conférant à l’ensemble cet aspect profondément éclectique qui caractérise Vienne.
Dès le 16ème siècle, accueillant de nombreux architectes italiens, la ville se para de bâtiments d’inspiration baroque italien. Parmi les grands noms autrichiens il convient de citer Johann Bernahrd Fisher Von Erlach ainsi que son fils Joseph Emmanuel. Parmi les monuments emblématiques, ne manquez pas le Peterkirche ou la Karlskirche, inspirée de Saint Paul de Rome.
Autour de la Hofburg, résidence des Habsbourg apparaissent dès le 18ème les palais des grands seigneurs venus de tout l’Empire. Ces nobles demeures sont ornées de nombreuses sculptures destinées à souligner la puissance de leurs occupants. Notez le Palais Kimsky, le Palais du Belvédère ou le Palais Lobkowitz par exemple.
Parmi les symboles architecturaux très fréquemment utilisés sur les façades, vous y décèlerez de nombreux « captifs de pierre » (atlantes musculeux, inspirés de Michel Ange), référence à l’Antique.
Chaque époque a ses « tics architecturaux » : Ainsi par exemple lorsque vous parcourez le Marais, vous serez surpris de découvrir le nombre considérable d’Anges Gabriel égayant les façades des hôtels particuliers… Question de goût, Atlantes musclés et puissants à Vienne versus Anges souriants et démoniaques dans le Marais, à vous de choisir !
Vienne connaîtra un essor important au 19ème siècle avec l’édification du majestueux boulevard (Ring) en lieu et place de ses fortifications, permettant ainsi l’érection de nouveaux immeubles d’inspiration sécessionniste. Ce style, en rupture avec la pensée conservatrice de l’époque de François Joseph est très présent sur le Ring, avec le fameux « pavillon sécession ». Ce monument décrié à l’époque, qualifié de « tête de chou », trône aujourd’hui majestueusement. Il est une véritable icône architecturale de la ville, à l’égal du Centre Pompidou, au cœur du Marais, qui, lorsqu’il fut construit dans les années 70, n’attira pas, lui non plus, les meilleurs commentaires… Aujourd’hui, il est, également, à sa manière représentatif d’une architecture moderne et tout aussi incontournable dans l’histoire de l’architecture moderne.
Le 19ème siècle est en quelque sorte le véritable âge d’or pour Vienne, traversé par les courants et idées révolutionnaires, foisonnant d’artistes et de penseurs. Vienne devint la capitale européenne de la culture. Vienne à l’instar de Paris et du Marais en particulier (au 18ème), était réputée pour les salons tenus par l’intelligentia de l’époque et par les courants philosophiques novateurs. Cet esprit libertaire souffla sur Vienne jusque dans les années 1920. Elle fut surnommée « Vienne la Rouge » avant de connaître, hélas, de sombres pages avec la proclamation de l‘anschluss en 1938, marquant le début de sanglantes répressions à l’encontre des communautés juives.
Un ouvrage de Stephen Zweig « le Monde d’hier » décrit admirablement cette société cosmopolite et cet état d’esprit qui régnait dans l’entre deux guerres à Vienne.
La présence de l’histoire ne doit pas faire oublier le foisonnement actuel de la ville qui, sans cesse, se renouvelle et fait preuve d’imagination. Schönnbrun reste certes incontournable et demeure un Must de la ville, notez cependant que Vienne a inauguré en 2001 le « Muséum Quartier ». Il modifie considérablement la physionomie de la ville et constitue l’un des plus vastes espaces culturels et artistiques au monde. Il fut édifié sur les anciennes écuries impériales par les architectes autrichien Ortner & Ortner, abritant notamment le somptueux Léopold Museum et une splendide collection de Klimt et de Klee.
Vous l’aurez compris : Vienne est pleine de contrastes et se nourrit habilement du passé et de la modernité. Vous ne pourrez vous empêcher, en déambulant dans la quartier de la Hofburg, de penser, par exemple, au Marais, regorgeant d’hôtels particuliers tous plus somptueux les uns que les autres, emblématiques du Grand Siècle de Louis XIV et abritant également la plus importante concentration de galeries d’art contemporain de Paris. Pour les amateurs de nourritures terrestres, prenez le temps de savourer les fameux Mozart Kugel et une Sacher Torte, blotti au sein d’un merveilleux café viennois.
Tchuss und bis bald in Vienna !
Arnaud Sellier