En 1647, Jean-François de Guénégaud, sieur des Brosses, maître des comptes et conseiller d’Etat, achète un hôtel composé de deux maisons, à l’angle de la rue des Archives et de la rue des Quatre-fils. Il en confit la rénovation à un architecte de renom. La carrière de l’architecte François Mansart reste très liée à la famille de Guénégaud. En 1766, l’hôtel devint la propriété de François Thiroux d’Epersenne, qui avait rassemblé une superbe collection d’œuvres d’art, comprenant en particulier trois sculptures d’Etienne Falconnet. Le propriétaire fit diminuer le jardin afin d’y aménager des écuries et des remises. En 1767, il légua l’hôtel à sa belle-sœur, madame Thiroux d’Arconville. L’hôtel appartint à la famille Thiroux jusqu’en 1895. A l’instar des autres hôtels particuliers du Marais, il fut investi dès le milieu du XIXe siècle par des entreprises commerciales et industrielles qui le dénaturèrent.
Racheté par la Ville de Paris en 1961 et restauré, il héberge depuis 1967 le musée de la Chasse, grâce à l’initiative passionnée de deux collectionneurs, Jacqueline et François Sommer. L’hôtel a conservé son très bel escalier suspendu aux voûtes qui fit l’admiration d’Henri Sauval. Le musée renferme des tableaux de maitres (Desportes, Oudry, Chardin, Corot, Monet) sur le thème de la chasse, des gravures, des armes anciennes, des meubles, des trophées d’animaux empaillés d’Afrique, d’Amérique et d’Asie.
C’est le seul hôtel particulier de Mansart qui soit intégralement conservé à Paris. Il constitue l’exemple même de la demeure du XVIIe siècle. Le terrain deux fois plus long que large, a été divisé en jardin et bâtiments organisés autour de la cour rectangulaire. Contraint par les exigences imposées par le parcellaire, l’architecte procède, côté jardin, à un habile trompe-l’œil : l’avant-corps de droite est plus étroit que celui de gauche, large de deux travées. D’une grande sobriété voire d’une certaine austérité, les façades constituent le premier exemple du style « sévère » à la française qui se développera ultérieurement. La façade côté jardin de l’hôtel en est un bel exemple, résultat d’une quête de simplicité et de formes épurées qui animent la fin de carrière de François Mansart.