Hôtel de Soubise
60 Rue des Francs Bourgeois, Paris, France Métro : Rambuteau / Hôtel de Ville Chaque 1er samedi du mois de 14h30 à 16h00 > Site .L’histoire de l’hôtel de Soubise commence d’abord par celle de l’hôtel de Clisson. En 1371, le connétable de Charles V, Olivier de Clisson, ennemi implacable des Anglais, achète en bordure de la rue du Chantier-du-Temple un terrain appartenant aux Templiers. Du manoir qu’il y fait construire ne reste plus que la grande porte située au 58, rue des Archives. Cette porte fortifiée constitue l’unique exemple de l’architecture privée du XIVe siècle à Paris. On peut encore y apercevoir deux écussons aux armes des Guise : celui de gauche au XVIe siècle aux armes d’Henri de Guise, celui de droite au XVIIe siècle aux armes d’Henriette-Catherine de Joyeuse, épouse du duc Charles.
Le deuxième chapitre du récit de l’hôtel de Soubise débute le 15 juin 1553. Anne d’Est, femme de François de Lorraine, duc de Guise et lieutenant général du royaume sous François II en fait l’acquisition. L’hôtel de Clisson devient l’hôtel de Guise. En 1556, François de Lorraine offre son hôtel à son frère Charles de Lorraine, archevêque de Reims. Très fortuné, celui-ci agrandit l’édifice par l’acquisition de maisons voisines. Les hôtels Daval, Doulcet et de la Roche-Guyon sont ainsi absorbés. L’hôtel devient ensuite la propriété du fils de Charles, le célèbre Henri le Balafré, duc de Guise, et chef de la Ligue. L’hôtel de Soubise représente un pan de l’Histoire de France, c’est probablement ici, dans cet hôtel qui fut le quartier général du parti catholique pendant les guerres de religion, que le duc de Guise planifia les massacres de la Saint-Barthélemy.
En 1697, la princesse Anne de Rohan, cousine et seconde femme de François de Rohan, prince de Soubise, acquiert l’hôtel de Guise grâce aux gratifications du Roi Soleil avec qui elle entretenait une liaison. Le prince de Soubise, complaisant, accepte de fermer les yeux. L’hôtel de Guise a vieilli, il se révèle être incommode aussi la princesse Anne entreprend de nombreux travaux. Elle fait abattre une grande partie de l’hôtel de Guise, en lieu et place duquel elle souhaite aménager un somptueux hôtel. En 1704, elle confie ce vaste chantier à Pierre-Alexis Delamair, qu’elle a rencontré par l’entremise de l’évêque de Strasbourg, Armand Gaston. L’architecte est alors au sommet de son art, il dirige également la construction de la demeure voisine : l’hôtel de Rohan. Il appartient au frère de François de Rohan, Armand de Rohan.
Delamair choisit de modifier radicalement l’orientation de l’hôtel de Soubise : alors que l’hôtel de Clisson, puis de Guise, s’ouvrait sur la rue des Archives, le bâtisseur décide de placer l’entrée de l’hôtel de Soubise au 60, rue des Francs-Bourgeois. S’inspirant de l’hôtel des Grands Prieurs édifié au Temple, l’architecte conçoit un large corps de logis précédé d’une cour d’honneur en hémicycle encadrée par une colonnade. Le portail en forme de demi-lune doit permettre la manœuvre des carrosses. La charge financière de la construction de l’hôtel de Soubise (1705 – 1709) ne fut pas trop lourde pour le prince, puisque, disait-on : « Louis XIV avait fourni les bois (les cornes du mari) et ses amis lui avaient jeté les pierres ».
A la Révolution, l’hôtel est confisqué et pillé. Il est utilisé pour servir d’entrepôt aux 45 tonnes de poudres trouvées dans la Bastille. Le 6 mars 1808, Napoléon Ier fait l’acquisition de l’hôtel de Soubise qu’il décide d’affecter aux Archives de l’Empire. L’hôtel de Rohan, lui, héberge l’Imprimerie impériale. En 1867, Napoléon III décide d’installé le musée de l’Histoire de France nouvellement créé au sein de l’hôtel de Soubise. Aujourd’hui les Archives nationales comptent des kilomètres de rayonnages renfermant les registres des ministères, du Parlement, de la Chambre des Comptes, du Conseil d’Etat ou de l’administration.