Hôtel de Rohan
87 Rue Vieille du Temple, Paris, France Métro : ligne 11, Rambuteau / Hôtel de Ville Fermé pour travaux .François de Rohan, prince de Soubise, donna au 5e de ses onze enfants, le cardinal Armand-Gaston-Maximilien de Rohan un ensemble de terrains le long de la rue Vieille du Temple. Entre 1705 et 1708, ce dernier y fit édifier, pour lui, l’hôtel de Rohan. Construit à la même époque que l’hôtel de Soubise qu’il voisine, et par la même intelligence, celle de l’architecte Delamair, l’édifice est la propriété de quatre cardinaux et évêques de Strasbourg successifs. Le plus célèbre d’entre eux demeure Louis-René-Edouard de Rohan, impliqué dans la sombre « affaire du collier de la reine » et arrêté le 15 août 1785 sur ordre du Baron de Breteuil. Emprisonné à la Bastille, il sera finalement acquitté par le Parlement de Paris, qui condamnera la comtesse de La Motte, véritable instigatrice du complot.
Perpendiculaire au corps de logis de la demeure du prince de Soubise, l’hôtel de Rohan présente un parti de plan classique, entre cour et jardin. Mais ce terrain en pente obligea Delamair à dessiner une façade sur cour plus étroite que la façade sur jardin. Faisant écho à l’ordonnance de Soubise, l’hôtel des évêques de Strasbourg adopte aussi une cour majestueuse desservie par une entrée courbe. La façade couronnée d’un fronton austère, peu ornementée, dégage un effet de sévérité. De 1808 à 1928, l’édifice est affecté à l’Imprimerie nationale. Lors de ce long séjour, la décoration des appartements se dégrade. Cependant, certains salons de l’étage conservent leur décor, en particulier le fameux Cabinet des Singes et ses chinoiseries, pièce la plus surprenante de l’hôtel. Depuis 1938, l’hôtel dépend des Archives nationales, ses salles servant de cadre à de nombreuses expositions temporaires.
La cour des anciennes écuries de l’hôtel de Rohan abrite un chef-d’œuvre de la sculpture française du XVIIe siècle : le bas-relief des Chevaux d’Apollon (ou Chevaux du Soleil) réalisé entre 1734 et 1738 par Robert Le Lorrain, élève de Girardon. Bénéficiant du mécénat des Rohan-Soubise, le sculpteur exécute en 1708, dans l’hôtel voisin de Soubise, des statues aujourd’hui disparues. Il reste tout au long de sa carrière attaché au service du prince-évêque de Strasbourg, Armand-Gaston de Rohan, pour qui il entreprend ce bas-relief. Reprenant le thème des Chevaux du Soleil sculptés par les frères Marsy à Versailles, cette œuvre présente les chevaux d’Apollon abreuvés après leur course par des serviteurs nus. Les têtes des animaux émergent des nuées bouillonnantes, tandis que quelques rayons solaires à l’arrière-plan rappellent la présence divine.