Circuit Baroque
Commençons notre circuit baroque par la visite du Temple du Marais, anciennement église Sainte Marie des Anges. Cette église baroque se situe au 17 rue Saint-Antoine, à l’angle de la rue Castex, dans le 4ème arrondissement de Paris à quelques pas de la station de métro Bastille. Construite en 1634 par le célèbre François Mansart, le bâtiment est classé monument historique depuis 1887. Rattachée à l’Église Protestante Unie de France, elle est affectée au culte réformé depuis 1802. Nicolas Fouquet, surintendant des finances à l'époque de Mazarin, procureur général au parlement de Paris, repose d'ailleurs dans le caveau familial de l'église et pourtant, aucune inscription commémorative n'y figure. Comme d’autres lieux de culte, elle n’échappe pas à la Révolution et devient rapidement un entrepôt. Les objets et ornements qui constituent son intérieur sont partiellement détruits ; Ce n’est qu’en 1803 que l’église retrouve son statut de lieu de culte. Sa rénovation en 1870 permet au Temple du Marais de retrouver son éclat d’autrefois. Elle est la deuxième église de Paris construite avec un dôme. A l’intérieur, on peut apercevoir un espace circulaire surmonté d’un dôme, appelé rotonde ainsi que d’un lanternon permettant de diffuser la lumière à l’intérieur de l’édifice. Le style baroque saute aux yeux lorsqu’on s’attarde sur l’opulence des ornements de la coupole intérieure : des fresques et des sculptures aux formes arrondies et voluptueuses. En dessous, on aperçoit un autel surélevé, simple et entouré de plusieurs chapelles et d’une sacristie. Le temple du Marais est ouvert aux visites de 15h30 à 17h30 le samedi et lors d’évènements tels que la Journée du patrimoine.
L’hôtel de Sully se trouve au 48 rue Saint Antoine, près de la place des Vosges. Il est construit sur ordre du Premier ministre d’Henry IV entre 1625 et 1630 car la construction d’un hôtel particulier dans le quartier du Marais est alors très en vogue. Il est racheté en 1634 par le Duc de Sully qui finit de le décorer. Bien que les plans du bâtiment soient de style classique, on discerne facilement des influences baroques dans la décoration. En effet, l’architecture de l’hôtel de Sully se démarque par ses façades aux lignes droites et épurées, représentatives du classicisme, mélangées aux grandes statues des Éléments et saisons rappelant l’antiquité, par les volutes des lucarnes aux formes arrondies et par les frontons au-dessus des fenêtres. L’hôtel est classé monument historique en 1862 mais ce n’est qu’en 1944 que la Caisse Nationale des Monuments Historiques y sera installée. S’en est suivie une restauration complète du bâtiment pour lui redonner son éclat d’antan. Toutefois, même si l'hôtel n’est pas ouvert au public, il est possible de visiter les splendides appartements de la Duchesse, récemment rénovés sur simple réservation via le site www.monuments-nationaux.fr . En attendant, vous pourrez admirer les façades de l'édifice et vous promener en toute tranquillité dans les magnifiques jardins de l’hôtel et ses cours intérieures. Profitez en pour faire un tour à la librairie de l'hôtel de Sully, ouverte toute au long de la semaine. Un lieu remarquable pour sa décoration intérieur dont les peintures sur les poutres du plafond, mais aussi pour le large choix d'ouvrages sur le patrimoine national.
Continuons avec l'église Saint-Paul, située à deux pas de la station de métro Saint-Paul dans le 4ème arrondissement de Paris, au 99 rue Saint-Antoine. Cette sublime église de style baroque est construite entre 1627 et 1641 sur ordre de Louis XIII. Elle est édifiée par trois membres de la compagnie de Jésus : Etienne Martellange, François Derand et Charles Turmel. Elle est la première église jésuite de Paris et marque ainsi la séparation avec l’architecture gothique. Les plans de l’église s’inspirent beaucoup de l’église de Gesù, située à Rome. Lorsque Louis XV chasse les jésuites au milieu du XVIIIe siècle, la paroisse est confiée à des religieux du quartier. Au cours de la révolution, l’église sert d’entrepôt et est en partie pillée de ses trésors. Mais au cours du 19ème siècle, la façade est restaurée par l’architecte Victor Baltard dans le style baroque flamand. Lorsque l’on pénètre à l’intérieur, on ne peut qu’apprécier la grandeur de l’édifice, les portes des quatre passages composées de boiseries et l’utilisation de différents matériaux comme le bronze et l’or, la profusion d’ornements, de tableaux et de sculptures. Son dôme de 55 mètres, construction judicieuse qui permet de faire entrer la lumière, est à l’époque, le plus grand, jamais édifié dans la capitale et devient rapidement un modèle à suivre pour la construction de nouveaux édifices tels que le Dôme des Invalides ou celui du Val-de-Grâce sur la rive gauche, dans le 5ème arrondissement et devient finalement une des marques architecturales des églises jésuites. L’église Saint Paul est un lieu chargé d’histoire mais aussi un exemple parfait de la beauté du style baroque, un mélange d’influences italiennes avec une touche française qui fait de ce monument, un lieu unique, autrefois l’une des églises les plus importantes de la capitale dont la messe d’inauguration fut administrée par le Cardinal de Richelieu. En 1887, le bâtiment est classé monument historique pour être ensuite restauré en 2012.
L’Église Notre Dame des Blancs-Manteaux située à quelques rues du musée des Archives Nationales, dans le marais, au 12 rue des Blancs Manteaux, est une église catholique de style classique mais qui pourtant, comporte de somptueux éléments décoratifs de l’art Baroque. L’Église doit son nom aux Serfs de Marie, dont les membres portaient des manteaux en laine blanche. Un monastère est d’abord édifié au XIIIe siècle puis est remplacé par ce nouvel édifice religieux à partir de 1685. Cependant, les fonds viennent à manquer et l’église n’est toujours pas achevée à l’aube de la Révolution. Les religieux sont expulsés et le lieu devient une caserne ; les tombes et le monument se retrouvent saccagés malgré la demande du moine Dom Deforis. En 1796, la ville de Paris vend à Antoine-René Ferneau, l’église dévastée, pour la modique somme de 7200 livres qu'il fait restaurer par la suite. Durant la seconde guerre mondiale, une bombe allemande explose tout près et détruit une partie de l’édifice. Heureusement, l’église Notre Dame des Blancs Manteaux est restaurée après de longues années de travaux. De l’extérieur, la façade classique de l’église est rajoutée par l’architecte Victor Baltard en 1863, provenant de l’église saint-Eloi des Barnabites, démolie lors des travaux d’Haussmann sur l’Île de la Cité. A l’intérieur, on y trouve la chaire à prêcher provenant de l’art baroque-rococo de la Bavière du Nord. L’église a pu acquérir cette chaire grâce à l’Abbé Garenne qui l’achète à l’Exposition de l’Art et de l’Industrie de Paris en 1864. Petite particularité de l'église, une porte de sortie se trouve à l'extrémité de l'entrée, permettant aux visiteurs de traverser du nord au sud, le bâtiment. La décoration de cette chaire datant de 1749, est remarquable par l’abondance d’ornements et de petits détails : sur l’abat-voix, une représentation de Saint Michel terrassant le démon avec des petites statues en bois doré, des quatre évangélistes. La marqueterie des médaillons de la cuve et de la rampe, ainsi que le dosseret sont constitués de différents matériaux comme des essences de bois, d’ivoire naturel ou vert et d’étain. Les amoureux du style baroque ne seront pas déçus par ce petit bijou du XVIIIe siècle.
A deux pas du Square du Temple, se trouve la Paroisse Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, au 195 Rue du Temple, dans le Haut-Marais. Marie de Médicis ordonne la construction de cette église et de son monastère, tous deux dédiés à Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, qui ne seront terminés qu'en 1646.
Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, née en 1207, est la fille du roi de Hongrie, qui fît preuve de toutes les vertus chrétiennes et fut canonisée en 1235, quelques années après son décès.
L'église est fermée à la Révolution pour être transformée en magasin de fourrage mais échappera toutefois à la destruction. Elle rouvre en 1802, pour devenir une église paroissiale. En 1938, les Maîtres de l'ordre de Malte y installent leur paroisse.
Sa façade est similaire aux églises baroques romaines, avec ses formes voluptueuses, ses pilastres et ses colonnes ioniques et doriques. L’intérieur de l'église est opulent de bas-reliefs en bois, provenant de l'abbaye Saint-Vaast d'Arras. Vous remarquerez aussi les nombreux tableaux et fresques, ainsi que les sublimes vitraux du début du XIXème siècle.
De nombreux concerts y sont organisés et la paroisse offre aussi une messe à la communauté chinoise installée dans le Marais. L’église est ouverte de 9h à 19h30 en semaine et de 9h à 12h le samedi.
Programme à consulter sur le site www.sainteelisabethdehongrie.com
Rendons nous à présent rue de Perche, pour visiter l'église Sainte Croix des Arméniens, dans le 3ème arrondissement de Paris. Anciennement nommée Saint-Jean-François, cette cathédrale construite en 1623, est de culte catholique arménien. Claude Charlot, lotisseur qui a entrepris de nombreuses constructions dans le quartier et donne son nom à la rue Charlot, a construit l'église Saint-Jean-Saint-Croix ainsi qu'un couvent jouxtant la bâtisse. l'année suivante, la chapelle du couvent y sera rajoutée. Seul la chapelle résiste à la Révolution et devient alors une église paroissiale. Le couvent est détruit et l'église est fermée en 1828, puis rachetée par la ville de Paris, qui est rendue au culte en 1803 après le Concordat. Elle est ensuite agrandie entre 1828 et 1832 et son porche est reconstruit par Victor Baltard en 1851. Dans les années 1970, elle est transformée en cathédrale catholique par la communauté arménienne. A l'intérieur, vous pourrez apprécier l'une des premières orgues de Cavaillé-Coll, réalisé en 1844. La nef, couverte d'une voute en berceau, est constituée de vitraux et d'ouvertures créant un sublime jeu de lumière sur le plafond. Dans la cathédrale, des concerts sont fréquemment organisés pour ainsi vous permettre d'apprécier un instant musical dans un lieu d'exception.
Pour terminer notre parcours, allons à l'Église Saint-Gervais, située dans le 4ème arrondissement de Paris, à l'est de l'Hôtel de Ville, sur la place Saint-Gervais. Construite en 1494 et achevée en 1620, l'église est majoritairement de style gothique rayonnant à l'intérieur mais la façade est baroque, assez semblable à celles que l'on peut trouver dans l'architecture italienne avec par exemple, l'Eglise de Gesù à Rome. La façade édifiée par Salomon de Brosse, a la particularité d'avoir les trois ordres superposés avec colonnes doriques, ioniques et corinthiennes. De plus, sur l'une des deux tourelles, on peut apercevoir deux cadrans solaires. Classée monument historique depuis 1863, elle est d'abord endommagée lors de la Révolution, puis durant la première guerre mondiale. Le vendredi saint 1918, l'église, en plein office, est alors touchée par un obus envoyé par la tristement célèbre "Grosse Bertha" de l'armée allemande lors de la messe, tuant 91 personnes et faisant de nombreux blessés. Le toit de la bâtisse est détruit; après reconstruction, un vitrail est érigé en mémoire des victimes. Comme pour l'église Notre Dame des blancs manteaux, une porte de sortie se trouve à l'arrière de l'église et permet ainsi aux visiteurs de la traverser d'un bout à l'autre.